D’aucuns disaient : « Trop d’impôt tue l’impôt ». Ibn Khaldoun disait sa Mouqaddimaque l’accroissement de la fiscalité est un signe de décadence de l’Etat.
En Tunisie, un expert en développement local vient de me dire qu’en Tunisie, il y a près de 380 variétés de dattes, dont une variété très rare, dite « Daglet el Bey », qui existait dans la région du Djerid. Cette variété était tellement délicieuse et appréciée que la M’halla, force militaire en charge de la collecte des impôts à l’ère beylicale, ayant des pouvoirs sans limite ni contrôle malgré le fait qu’elle était accompagné d’un juge fiscal, supposé avoir pour fonction de contrecarrer les aberrations des agents de perception de l’impôt, a eu la mauvaise tradition de s’accaparer de la quasi-totalité de la production de cette « Daglet el Bey ». à leur arrivée, l’agriculteur ne voyait que le saccage et le désespoir.
Etant devenus sans rentabilité en raison de cette fiscalité arbitraire et excessive, les propriétaires terriens ont décidé de se débarrasser de ces arbres. Du coup, cette variété a failli complètement disparaitre si ce n’est le gouverneur militaire de Mareth au Sud-Est du pays qui a eu l’idée d’en planter près de 86 palmiers dans son jardin. Et c’est grâce aux avantages de fait dont jouissait ce gouverneur -qui a pu échapper à l’appétit insatiable du Fisc- que cette variété, que je ne connais pas personnellement, a pu être sauvée.
Façon de dire que trop d’impôt ne tue pas seulement l’impôt, mais ça peut tuer n’importe quoi !
Ahmed Ouerfelli
Avocat- Arbitre